Pendant toutes ces années, j’ai considéré que la timidité faisait partie de mon caractère. Impossible à éradiquer, je m’y suis accoutumé et y prête moins d’attention. J’en dépends et la chéris comme une passion indispensable à mon bon fonctionnement. Inquiétudes, tourments, frustrations, humiliations, j’éprouve physiquement mon existence, mon épaisseur dans ce monde. Elle, c’est moi.

Et la lecture de Kant ou de Schopenhauer n’y changera rien. Nos jugements sont  en grande partie subjectifs mais un constat s’impose. Belle ou jolie ? Ange ou démon ? Devant une belle femme, le désir de l’homme se trouve interdit, devant une jolie femme, il s’affole. Le critère ne se résume pas à une affaire de pure physionomie, à la «perfection» plastique de leurs corps respectifs, mais à ce que Kant appelle «la pudeur».

Aucune rémission à attendre. Le mal et son cortège de souffrances ne pouvaient qu’empirer. Le chat, aussi, était calme. J’en éprouvais une gêne intense, accentuée par l’étonnement de voir que l’effet de la piqûre ne suive pas aussitôt l’injection... Le liquide fatal amorçait son effet. Lentement, je vis apparaître dans son regard la marque d’une surprise grandissante, jusqu’à devenir une espèce de saisissement dénonçant ma trahison.

On vit la violence au quotidien dans les cours d’école, dans les jeux électroniques, à la maison ou dans les émissions de télévision, mais on s’envoie à tout bout de champ des bisous fades et délavés dont la fréquence et la banalité enlèvent au mot lui-même toute signification.
Le baiser fait du bien là où il se pose. Le bisou ne se pose pas, il n’en a pas le temps : il court déjà vers le message suivant…